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Réflexions sur la mode

L’intérêt de la mode demeure dans l’intention de « participer un peu à la beauté du monde ».

La mode est indissociable d’une tendance générale au comportement expérimental. On se cherche et l’on cherche à vivre de façon différente. Le style vestimentaire n’est qu’une facette de cette tendance générale, un de ces éléments qui influe la perception que l’individu a du monde et ses critères d’appréciations face à lui. Au gré des envies et des humeurs, on change de vêtements et l’on se transporte dans une ambiance spatio-temporelle différente.


La mode, on l’aura remarqué, suit un développement dialectique. Le temps d’une tendance, ce sont les codes de sa prédécesseuse qui sont remis en jeu, les goûts de l’époque précédente sont jugés avec mépris et les cartes sont rebattues.


Bien s’habiller n’est pas seulement matière de goûts mais également affaire de compréhension des contextes. Ce n’est pas rogner sur son style vestimentaire que d’être restreint par son milieu, mais au contraire une occasion de le transposer à un stade supérieur, dans un environnement nouveau.


Outre le langage, il est possible de détourner par la même méthode le vêtement avec toute l’importance affective qu’il recèle. Là aussi, nous trouvons la notion de déguisement en liaison étroite avec le jeu.

G.E. Debord et G.J. Wolman, Mode d’emploi du détournement

Le caractère ludique de la mode réside dans sa dimension sociale. Ce dernier cesse dès lors qu’elle devient communication unilatérale, c’est-à-dire simple démonstration. Le règne de la vision subjective totalitaire doit cesser ! La vision du designer fétichisée reproduit la séparation primitive entre individu lambda spectateur et spécialiste agissant.