Réflexions sur le jardin
Le jardin Rosa Mir fait partie, au côté du palais idéal du facteur Cheval, de ces endroits remarquables que l’on peut ironiquement affubler du titre de « jardins de fou ». Ces lieux, catégorisés académiquement sous la dénomination insultante d’« art naïf », sont au contraire à considérer très sérieusement comme témoignage de la prétention extraordinaire de leurs auteurs à aménager des lieux au sein desquels ils eurent joué.
La raison d’être du jardin se trouve dans le désir d’aménager un endroit entièrement dédié au plaisir.
Les jardins à la française sont l’émanation de cette volonté de transformer la tension intérieur/extérieur à un stade supérieur en transposant le dedans et ses codes au-dehors. Notamment par l’imitation de procédés d’ordinaire exclusifs à l’architecture : salons, chambres, etc.
Le jardin anglais suit le même désir mais varie les moyens employés. Il est composé de mobilier botanique ; on ameuble la nature comme on le ferait avec un appartement.
Sur un autre modèle, on imaginera des habitats hybrides à mi-chemins entre la maison et le jardin. En détournant le rôle de la fenêtre pour qu’elle donne non-plus à voir l’extérieur depuis l’intérieur, mais pour qu’elle soit le vecteur de l’immiscion de l’extérieur à l’intérieur. Le lierre et les plantes grimpantes de manière générale semble adéquat pour une manifestation sommaire de ce nouvel usage. Il existe déjà la notion de « chambre de rue ». Il y aura désormais fenêtre sur jardin.